L’IA, danger ou opportunité ?
On parle beaucoup dans les médias des effets négatifs pour le milieu académique des robots d’intelligence artificielle tels que le ChatGPT, mais moins des avancées qu’apportent certains robots intelligents dans le monde professionnel.
« Pendant longtemps, la robotisation a touché les cols bleus et non les cols blancs, peu habitués à cette intrusion », lance Yves Chardonnens Cook, directeur de la Fondation en faveur de la Formation Professionnelle et Continue de Genève. Autrement dit, les services sont désormais concernés par l’automatisation intelligente, et non plus uniquement le domaine industriel ». Cette structure a pour mission d’accompagner la formation initiale et continue en finançant les cours professionnels. L’enjeu est de développer et de maintenir l’employabilité tout en évitant des pénuries sectorielles.
Les mutations démographiques feront sans doute mieux percevoir l’opportunité qu’offre l’intelligence artificielle (IA) pour réduire le besoin en main d’œuvre dans certains secteurs au profit d’autres largement influencés par la pression démographique voire la perte d’attractivité de secteurs économiques. « Si un enseignant demande à un jeune d’ingurgiter un savoir et de le régurgiter sans aucun sens critique, c’est encore plus dérangeant que l’appui d’une machine ». Celle-ci peut aussi donner l’occasion de faire évoluer les compétences professionnelles en s’appuyant sur l’IA et en misant sur des aptitudes plus humaines que des services basiques chronophages. Des services automatisés de type « cobots » (robot collaboratif, qui interagit avec l’humain) s’appliquent d’ailleurs déjà dans de multiples métiers de renseignements, mais les interactions humaines ont encore une longueur d’avance. « Des traducteurs ne cachent pas le fait qu’ils utilisent déjà des logiciels pour dégrossir des textes, mais ils se concentrent ensuite sur des compétences fines pour aider leurs clients ! »
Dans un cadre de recrutement, il est tout aussi logique d’avoir un appui technologique pour celui qui propose ses services, notamment dans la rédaction de lettre de motivation, que pour celui qui est prêt à l’engager et va utiliser une IA pour sélectionner des candidatures. Les compétences émotionnelles dans un contexte complet donnent une plus-value indéniable à un humain. L’un des écueils des robots, aussi sophistiqués soient-ils, est le fait qu’ils prétendent prédire l’avenir en ne se basant que sur des données du passé. Il est donc nécessaire de les utiliser en tenant compte de ces limites et en gardant une approche critique.
Des préjugés à démentir
En tant qu’organisation favorisant l'adoption de l'IA responsable, la Fondation ImpactIA, elle, soutient la transition d’organisations vers « l’intelligence hybride », notion qui combine intelligences individuelle, collective et artificielle. Elle développe autant des formations pratiques que des projets R&D. « Notre premier défi, indique sa CEO Laura Tocmacov, est de sortir de la polarisation IA contre humain. Ensuite, il existe un certain nombre de naïvetés à démentir ». Voici quelques-uns de ces préjugés :
- Se dire que l’IA ne marche pas bien, donc l’ignorer
- Penser que la simulation d’empathie n’est pas suffisante pour créer un lien avec un agent conversationnel
- Se révolter que les IA ne soient pas parfaites dans des tâches alors qu’elles sont déjà meilleures que des humains dans certaines d’entre elles.
Quels sont les secteurs les plus propices à intégrer une intelligence artificielle ? « En fait, toutes les entreprises y trouvent un intérêt, sauf pour les tâches manuelles complexes telles que celles du plombier ou du coiffeur », relève Laura Tocmacov. Les relations avec les clients, les métiers financiers, de communication, de digital marketing, de santé ou d’industrie sont en première ligne puisque l’IA peut détecter des fraudes, prédire des comportements ou gérer les stocks, par exemple.
Dans les lignes de production, les robotisations sans IA vont lentement faire place à des modèles plus sophistiqués intégrant cette technologie, ce qui les rendra plus agiles, facilement programmables et utilisables par les collaborateurs. « Nous avons identifié au moins 18 nouveaux métiers, tech et non-tech, liés à l’IA, complète Laura Tocmacov ; d’autres vont suivre, rendant primordiale la formation continue tout au long de la vie ».
Notons qu’il est peu probable que tout le domaine artistique soit automatisé, la créativité étant basée sur la nouveauté. Or, si l’IA produit des œuvres inédites, c’est en se basant sur des images qui existent déjà. L’humain a encore une longueur d’avance.
Valoriser les atouts de l’IA au lieu de les craindre
Malgré ses dérives et ses limites, l’intelligence artificielle (IA) offre cinq atouts majeurs aux entreprises :
1) Résilience à l'échelle de l'entreprise : les solutions optimisées par l'IA permettent d'automatiser des processus complexes, de gérer le Big Data et d'en tirer le meilleur usage possible.
2) Meilleur service client : l'IA permet aux entreprises de personnaliser leurs offres de service et d'interagir avec leurs clients en temps réel. Elle les aide aussi à tirer parti des données récoltées.
3) Prise de décision avisée : l'IA contribue à faire évoluer l'expérience des humains, grâce à une utilisation avancée des données qui permettent de prendre des décisions avisées.
4) Produits et services pertinents : les entreprises peuvent examiner une variété de données récentes, pertinentes et simultanément. Cela leur permet de modifier les produits existants et d'en introduire de nouveaux.
5) Des collaborateurs engagés : les technologies d'IA sur le lieu de travail peuvent réduire la charge due à des tâches banales et permettre aux collaborateurs de se concentrer sur un travail plus épanouissant. Or, les entreprises dont les collaborateurs font état d'un haut niveau d'engagement seraient jusqu'à 21 % plus rentables (récent sondage Gallup).
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