Promouvoir l'investissement durable et le commerce vert : la perspective suisse
La première conférence de l’agence Trade and Investment Promotion (TIP), intitulée « Promouvoir l’investissement durable et le commerce vert : la perspective suisse » a eu lieu le 22 février 2023 à la CCIG. L'événement coorganisé avec l'OCDE et Geneva Trade Platform (GTP) a rassemblé des représentants d'organisations privées, publiques, à but non lucratif et intergouvernementales pour explorer comment la Suisse répond à la durabilité. Compte-rendu.
Les échanges ont débuté par les remarques introductives de Vincent Subilia, directeur général de la CCIG, Ana Grujovic, fondatrice du Trade and Investment Promotion (TIP), et Dmitry Grozoubinski, directeur exécutif du GTP. M. Subilia a évoqué l'importance pour les chambres, comme la CCIG, de défendre la durabilité ; Mme Grujovic a expliqué l'initiative du Trade and Investment Promotion (TIP) qui vise à partager les connaissances, à diffuser les idées et à créer une communauté de pratiques parmi les experts de la promotion du commerce et de l'investissement du monde entier, et M. Grozoubinski a proposé que la Geneva Trade Platform (GTP) soit utilisée comme une ressource pour ceux qui cherchent à mieux comprendre et à se faire entendre dans l'espace de politique commerciale de Genève.
Ces interventions ont été suivies par des représentants d'organisations internationales, qui ont présenté leurs travaux et recommandations sur les relations entre les investissements directs étrangers (IDE)[1] et le développement durable. Alexandre de Crombrougghe de l'OCDE a souligné que la Suisse est déjà une destination de choix pour les IDE dans le monde entier et qu'elle réussit à maximiser la contribution des IDE à l'économie. Il a toutefois noté que le défi consiste maintenant à mieux utiliser ces investissements pour soutenir le développement durable. Khalid Alamaar, du Forum économique mondial, a fait part de ses recherches sur ce que les gouvernements et les agences de promotion du commerce pourraient faire pour soutenir des investissements plus durables et des chaînes d'approvisionnement respectueuses du climat. Ses recommandations ont porté sur un meilleur alignement des stratégies des agences de promotion des investissements sur les objectifs de développement, sur le renforcement de la collecte et du partage des informations et sur l'intégration de la durabilité dans les objectifs des négociations commerciales internationales. Après ces présentations, la conférence s'est orientée vers deux panels exceptionnels présidés avec brio par Jacopo Dettoni, rédacteur en chef de fDi Intelligence, Financial Times.
Les efforts de promotion des investissements de la Suisse vers une durabilité accrue
Le premier panel a été présenté par la Dr Symone Wyss Fedele, CEO de S-GE, le Dr Jan Atteslander, membre du Conseil exécutif, responsable des relations internationales, economiesuisse et le Dr Manfred Elsig, directeur général adjoint du World Trade Institute (WTI). Les discussions étaient variées, allant du succès de la Suisse à intégrer la durabilité dans ses accords de libre-échange aux tendances géopolitiques actuelles et à leur potentiel impact sur le commerce, les investissements et les chaînes d'approvisionnement.
Les intervenants étaient tous d'accord pour dire qu'à court et moyen terme les grandes puissances comme les Etats-Unis et l'Union européenne prendront des mesures à la fois punitives et subsidiaires pour soutenir des objectifs communs en matière de climat, de création d'emplois et de sécurité. Ils ont noté que certains acteurs économiques se méfient d'une course aux subventions et de ses effets négatifs potentiels à long terme. En outre, certains s'inquiètent du fait que nombre de ces subventions sont axées sur une période de cinq ans, alors que les investisseurs prennent généralement leurs décisions d'investissement sur un horizon de temps plus long. Du côté positif, les experts se sont montrés optimistes quant à la capacité de la Suisse à surmonter les perturbations climatiques grâce au jumelage des compétences, au partage des informations et à une promotion commerciale intelligente. Un exemple d'initiative suisse dans ce sens : economiesuisse et la Chambre de commerce et d'industrie indonésienne (KADIN) ont lancé en mai 2022 le SwissIndonesian Trade and Sustainability Council, qui se concentre sur la promotion de projets de durabilité dans les domaines du textile, de l'éducation et de la formation professionnelle, ainsi que des ingrédients naturels dans la production alimentaire et des infrastructures. La Suisse a également joué un rôle de premier plan dans la promotion de pratiques commerciales durables par le biais de solutions technologiques, en aidant les PME à développer des chaînes d'approvisionnement durables et en veillant au respect des réglementations locales en matière de durabilité et de droits de l'homme.
Comment la communauté internationale des affaires en Suisse aborde-t-elle la durabilité ?
Le deuxième panel de discussions était composé de Katja Seidenschnur, directrice du développement durable pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord chez Nestlé, de Martin Naville, directeur général de la Chambre de commerce américano-suisse et de Ramon Esteve, membre du Conseil de la société ECOM Agroindustrial Corp. Ltd. Les panélistes ont partagé leurs expériences, tant sur le terrain que dans les salles de réunion, sur les différentes approches visant à renforcer la durabilité en Suisse et dans le monde. Katja Seidenschnur a fait part du parcours de Nestlé pour devenir un champion de la durabilité, en transformant la façon dont les aliments sont cultivés et en prenant de plus en plus la tête des classements internationaux en matière de durabilité. La priorité de l'entreprise n'est plus de compenser les crédits de carbone, mais plutôt de verdir toutes ses chaînes d'approvisionnement, car 80 % de son empreinte est générée par les ingrédients et non par les produits finis. Cela implique de passer d'une agriculture intensive à une agriculture durable, de n'accepter aucune déforestation et de se concentrer sur la reconstitution des sols, l'accroissement de la biodiversité et l'augmentation de l’utilisation d'énergies renouvelables (bien que la consommation d'énergie ne représente que 6 % de leur empreinte). Les experts ont noté que si les besoins des consommateurs évoluaient rapidement, avec par exemple jusqu'à 50 % de consommateurs éco-actifs dans des pays comme l'Allemagne, les entreprises ne pouvaient pas attendre que ces besoins deviennent préoccupants et omniprésents. Le changement de la chaîne d'approvisionnement doit avoir lieu maintenant.
Ramon Esteve a expliqué comment la société ECOM Agroindustrial Corp. Ltd aide plus de 600 000 producteurs grâce au déploiement de techniciens de terrain, la formation et la certification dans les zones rurales, en mettant l'accent sur l'intégration des femmes. Le développement d'arbres pour fournir de l'ombre aux plants de café et de cacao, et l'inclusion des femmes dans la production de café et de cacao sont des objectifs importants. L'une de ses principales conclusions est que toute avancée technologique en faveur de la durabilité doit être accessible et simple, car les agriculteurs des pays en développement sont souvent dévalorisés et ne peuvent pas facilement mettre en œuvre des technologies complexes.
Revenant sur un thème du premier panel, les panélistes ont discuté de l'importance du marché américain pour les entreprises suisses et de la fréquence avec laquelle les initiatives de durabilité sont menées localement par le secteur privé. Les conférenciers ont insisté sur le fait que l'agenda américain "America First" était probablement là pour durer, et que l'administration américaine semble avoir peu d'intérêt à négocier des accords de libre-échange traditionnels.
La conférence a offert des éléments de réflexion sur un sujet qui nécessiterait beaucoup plus de partage de connaissances et d'échanges de meilleures pratiques. L'agence Trade and Investment Promotion est ravie d'avoir pu lancer cette série de panels sur le développement durable avec ce premier évènement aussi bien fréquenté, perspicace et stimulant. Le groupe se réjouit de pouvoir reproduire l'expérience avec succès ultérieurement.
Retrouvez plus de détails sur le site Internet de l’agence Trade and Investment Promotion : https://tradeandinvestmentpromotion.com/
[1] La Suisse est l'un des principaux pays d'accueil des investissements directs étrangers (IDE) et se classe parmi les dix premiers au niveau mondial. Son stock d'IDE représente 147 % de son PIB, ce qui en fait un contributeur important à l'économie.
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