La disponibilité des points de recharge au coeur des préoccupations
40 % de véhicules électriques rechargeables en 2030 : c’est l’objectif fixé par le canton de Genève afin de répondre à l’urgence climatique. Toutefois, l’accessibilité aux points de recharge reste un frein considérable à l’adoption des véhicules électriques.
En matière d’électromobilité et de trafic individuel motorisé (TIM), les objectifs du canton, dictés par le Plan climat cantonal 2030, sont extrêmement ambitieux : 2500 points de recharge publics, un parc automobile constitué de 40 % de véhicules électriques rechargeables et une diminution totale de 40 % du TIM. L’écart à combler est énorme si l’on considère qu’en 2021 le parc automobile genevois en circulation (216 744 véhicules au total) était constitué de 1,2 % de voitures électriques et de 5,9 %[1] de voitures hybrides[2].
La tendance est toutefois encourageante, avec une augmentation importante des véhicules électriques parmi les nouvelles immatriculations au cours des dernières années. En 2021 en Suisse, les véhicules 100 % électriques représentaient en effet 13,3 % des nouvelles immatriculations tandis que les véhicules hybrides rechargeables[3] et hybrides[4] en constituaient respectivement 9,1 et 21,9 %[5].
Si le manque d’autonomie a longtemps freiné l’adoption de l’électrique, la situation s’est considérablement améliorée avec une autonomie moyenne des modèles actuellement sur le marché avoisinant les 350 kilomètres. Cet inconvénient par rapport aux véhicules thermiques s’amenuisant rapidement, il reste celui de la disponibilité des points de recharge, que ce soit sur le lieu de destination ou à résidence. Conscient de cette problématique, le canton prévoit, dans son Plan décennal d’investissement 2022-2031, 190 millions de francs de subventions supplémentaires à destination de l’électromobilité, et notamment de l’électrification des parkings. L’installation de bornes de recharge privées bénéficie également de subventions cantonales : 1000 francs pour une borne sur une place de parking individuelle ou 2000 francs pour une borne installée dans le cadre d’un projet planifié sur un parking collectif.
Du côté de la Fondation des parkings, établissement public autonome, on mise sur la gratuité de la recharge pour les 345 places équipées de bornes (chiffre au 30 juin 2022). Ce nombre devrait être porté à 1000 places d’ici 2027 afin de représenter 10 % des places disponibles. En misant sur la mutualisation des places de parc équipées de bornes, ce pourcentage devrait permettre de répondre aux besoins d’une flotte automobile majoritairement voire entièrement électrifiée. En effet, le temps de recharge étant inférieur au temps de stationnement moyen, il n'est pas nécessaire de disposer d’une borne par véhicule, ce d’autant plus que l’autonomie des nouveaux véhicules électriques progresse et que leur temps de recharge diminue.
Les freins en jeu
Avec près de 80 % de locataires, Genève fait toutefois face à un défi de taille : la possibilité de charger son véhicule devant son immeuble. C’est la condition sine qua non pour envisager le passage à l’électrique, tandis que l’installation de l’infrastructure nécessaire est coûteuse pour le propriétaire ou les co-propriétaires. Là aussi, la mutualisation des ressources est l’une des clés pour permettre une rationalisation de l’utilisation des bornes. Des solutions devront donc être trouvées afin d’offrir des conditions permettant de se rapprocher des objectifs du Plan climat cantonal tout en répondant à la demande des usagers et aux contraintes des propriétaires.
La récente hausse importante des prix des carburants, qui se sont installés – peut-être durablement – au-dessus de deux francs le litre, renforce encore l’attractivité de ce mode de propulsion, tant pour les particuliers que pour les entreprises. Encore faudra-il que l’approvisionnement électrique soit en mesure de suivre la progression rapide de la demande constatée en Suisse et chez ses voisins. Car il y a un risque de frein « technique » à ces velléités, au cas où les tensions internationales se poursuivaient, induisant d’éventuelles pénuries énergétiques.
Deux éléments rendent difficile l’anticipation de la demande dans le transport individuel motorisé électrique : l’augmentation prévue de la part d’autopartage et le développement attendu de l’automatisation de la conduite. Concernant cette dernière, qui fait couler beaucoup d’encre mais dont on ne voit que lentement les progrès, l’Union européenne a annoncé que le niveau d’autonomie 3 – qui permet de lâcher le volant – sera autorisé à partir du 14 juillet 2022. Le Parlement fédéral suisse se prononcera sur cette question dans le cadre de la révision de la loi sur la circulation routière. Lentement mais sûrement, l’automatisation des véhicules progresse et laisse imaginer des changements considérables dans la manière d’appréhender la mobilité dans les prochaines décennies.
[1] Comprend également d’autres énergies comme le gaz ou le GPL
[2] Office fédéral de la statistique / Office fédéral des routes - Parc des véhicules routiers (MFZ), Voitures de tourisme en circulation, selon le type de carburant, T 11.02.02
[3] Un véhicule hybride rechargeable possède une batterie de traction conçue pour être chargée par branchement à une source d'énergie extérieure.
[4] Une automobile hybride électrique est un véhicule automobile faisant appel à deux types d'énergie embarqués, l'un de nature électrique, l'autre de nature thermique (essence).
[5] Auto suisse, https://www.auto.swiss/fr/
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