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Du financement d’Extinction Rébellion par la Ville de Genève - L’Etat de droit : deux poids, deux mesures ?

CCIG
Posté le 01/06/2022
Nouvelles

Ainsi donc, les activistes genevois du mouvement « Extinction Rébellion » se font offrir par la Ville de Genève une campagne d’affichage publicitaire, pour un montant de 20 000 francs. La CCIG et la Swiss Trading and Shipping Association (STSA), dont plusieurs membres ont fait les frais des actions de ce groupement, trouvent outrancier que l’argent public – c’est-à-dire les impôts des citoyen.ne.s et des entreprises – serve à financer la visibilité d’un mouvement qui ancre son action dans la désobéissance civile. L’arrachage des affiches, le blocage des routes, la dégradation des immeubles, les violations de propriété, les sit-in devant les entreprises ne peuvent pas être considérés comme des moyens d’expression acceptables, même au sein d’une démocratie. Dès le moment où une institution publique telle que la Ville de Genève passe outre les incivilités en finançant le mouvement qui l’exerce, la démocratie est en danger. Fonctionner avec de telles méthodes est contraire à l’Etat de droit.

Pour Vincent Subilia, directeur général de la CCIG, « soutenir par des fonds publics un mouvement qui s’emploie à perturber le fonctionnement des entreprises mais également la vie des Genevoises et des Genevois, pour une cause qui, certes, nous préoccupe tous, envoie un signal très négatif aux entreprises genevoises et aux citoyens contribuables qui assurent à la Ville de Genève des revenus de plus de 1,2 milliard de francs ».

Alors qu’on sait que la moindre subvention publique est assortie de multiples conditions et contrôles à la charge des bénéficiaires, ce financement offert par la Ville de Genève est inadéquat autant qu’injuste pour les multiples associations qui remplissent leurs missions dans le respect des lois et règlements.

Non seulement la question des moyens employés par ce mouvement ne peut être éludée, mais il y a aussi l’esprit. Selon Florence Schurch, secrétaire générale de STSA, « Nos entreprises membres ont pu en faire l’expérience.  Extinction Rébellion ne cherche qu’à faire parler d’eux en s’attaquant à l’économie et ne s’intéresse aucunement aux actions mises en œuvre par les entreprises pour lutter contre le changement climatique. » Et pourtant, des actions, il y en a. La CCIG propose d’ailleurs à ses Membres un parcours inédit d’initiation, de formation et d’actions concrètes à entreprendre pour intégrer les objectifs de durabilité dans la démarche de son entreprise.

Le moment est venu pour nos autorités de savoir dans quel camp elles se trouvent : dans celui de la recherche de solutions concrètes en collaboration avec l’économie, dont le financement passera par le maintien d’un tissu économique solide à Genève, ou dans celui de l’anarchie et de la désobéissance civile.

                               

8 commentaires

Thomas
Posté le 01/06/2022
Tout à fait d’accord, c’est inacceptable
Anthony Conway/Fell
Posté le 01/06/2022
Les signataires de cette subvention devraient démissionner ou être poursuivis légalement pour aider une organisation à commettre des crimes.
Mottier
Posté le 01/06/2022
Bonjour, Votre prise de position m'interpelle. Qui définit l'Etat de droit ? L'urgence climatique a été déclarée par l'Etat lui-même. Vous pouvez vous référer à ce lien pour rappel: https://www.ge.ch/dossier/transition-energetique-geneve/defis-objectifs-energetiques-cantonaux/urgence-climatique-objectifs-cantonaux Les enjeux économiques doivent être intégrés dans la réflexion globale quant aux solutions à trouver. Votre association, dont je fais partie, doit (et peut) prendre part au débat de manière constructive sans mettre les pieds au mur. L'ampleur de la tâche requiert la participation de tous les acteurs dans une approche constructive. Il n'y a pas de camp à choisir, la situation est claire et la science n'offre aucune ambiguïté sur notre avenir. Le montant modeste de la subvention de la Ville de Genève peut être vu comme un investissement pour l'avenir et non comme une attaque contre l'économie. Merci pour votre attention. MA Mottier
CCIG
Posté le 01/06/2022
A MA Mottier: notre propos n'est pas de contester l'urgence climatique mais le fait qu'une entité publique subventionne un groupe de personnes qui agissent dans le mépris total des lois. Notre opinion est que la fin ne justifie pas les moyens. Et d'autant plus lorsque le groupe en question refuse d'entendre ce que l'autre partie a à dire, ainsi que cela s'est avéré.
Gilliard Pascal
Posté le 02/06/2022
Je soutiens la prise de position de la CCIG. Il faut être attentif à tout risque de dérive et éviter toute confusion de rôle ! Un élu se doit d'être respectueux de la collectivité. Et faire la différence entre sa fonction publique et ce qui l'a fait accéder à sa fonction même. Il y a nécessité d'exemplarité. Si on ouvre la porte sur une action certes vertueuse, mais en s'appuyant sur un collectif qui prône une forme de violence larvée, donc illicite, l'autorité politique va au-delà des limites de l'éthique et se met au même niveau que ce collectif ! Dans mes activités économiques, j'entreprends tout ce que je peux pour minimiser l'impact sur l'environnement. Cela coûte du temps et de l'argent ! Mais, je considère comme essentiel de fournir cet effort. Cependant, je suis fâché de voir avec quelle arrogance le conseiller administratif a répondu à la presse. Ceui-ci, dans son discours, n'a en aucun cas pris en compte l'impact négatif que cette décision porte aux actions sincères qu'entreprennent bon nombre d'entreprises pour s'inscrire dans dans la préservation de notre environnement. La vertu ne doit pas être l'apanage de quelques uns, surtout s'ils cherchent à l'imposer plutôt que favoriser l'élan collectif. À ce titre, je vous propose la lecture de "La dictature des vertueux" c/o Buchet-Chastel. Ce livre interroge sur comment et pourquoi le moralement correct est devenu la nouvelle "religion" du monde. Je le conseille à toutes et tous. Bien cordialement.
Cordey
Posté le 02/06/2022
Bonjour, je rejoins le commentaire de MA Mottier. Je vais tenter d’élargir le débat qui me semble impérieux dans une période de metacrises (sanitaire, économique, alimentaire, énergétique, etc) et de la guerre en Ukraine qui génèrent peurs, angoisses, éco-anxiété, doutes, ignorances et incertitudes. Le premier lien se réfère au prochain Symposium Adolescence 2022 - Jeunesse et réchauffement climatique organisé par l’UNIL le 9 juin https://prosilienceswiss.substack.com/p/symposium-adolescence-9-juin-2022?s=w. Le deuxième, en phase avec le premier, donne des pistes sur la la façon de rester sain d'esprit dans un contexte de perturbation climatique. https://prosilienceswiss.substack.com/p/quest-ce-qui-pourrait-eventuellement?s=w et le troisième nous interpelle sur nos illusions probables en matière de développement durable https://prosilienceswiss.substack.com/p/les-gens-souffriront-davantage-si?s=w. A mon sens, la CCIG a un rôle moteur à jouer comme facilitateur d’avenirs. Imaginons cette entité comme fédérateur de dialogue autour de l’éco-anxiété et des mouvements de revendications citoyennes ; autour de la sobriété (alimentaire, énergétique, consommation, etc) voire autour de la Suisse à l’horizon 2035. Plus que jamais le besoin d’entraide et de solidarité, par tous et pour tous, autour d’enjeux vitaux que sont la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique et la sécurité hydrique devrait prévaloir au-delà de toutes peurs, assomptions, croyances, sentiments d’impuissance, illusions de sécurité, poids des lobbies, idéologies ou calculs politiques. Ce ne sera qu’avec l’acceptation de nos peurs (individuelles et collectives), par l’empathie, le dialogue, l’ouverture d’esprit, la prise de recul et la collaboration que nous pourrons ensemble, en Suisse, nous adapter (au mieux) à demain. Et non par la polarisation. Cordialement. Ch. Cordey
Sam
Posté le 02/06/2022
Merci de votre article. Je suis d'accord à 100%.
de Buren
Posté le 03/06/2022
Dans un pays où nous avons la chance d'avoir la démocratie directe, on pourrait facilement argumenter qu'il n'y a pas besoin de se coller les paluches au goudron du Pont du Mont-Blanc en pleine heure de pointe pour faire connaître son point de vue. D'un autre côté, réussir à lever des fonds pour financer son projet, projet qui plus est légal, n'est-ce pas le credo de la CCIG? Il semble y avoir eu un certain esprit d'entreprise là-derrière. Si, en plus un certain embourgeoisement de ce mouvement (qui touche des fonds loin d'être très rebelles) se produit, n'est-ce pas une habile manière de la part de la Ville de Genève de normaliser/modérer ces jeunes freluquets qui seront désormais plus occupés à graphic designer leurs affiches plutôt qu'à enduire de peinture ou de colle des propriétés privées ? La débat est ouvert...

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