Les fiduciaires ont franchi le cap du numérique
Posté le 08/02/2021
Article du CCIGInfo
De nombreux Membres de la CCIG travaillent dans le domaine de la fiduciaire ou, plus globalement, du conseil financier. Contrairement à certaines idées reçues, le secteur est en pleine mutation et s’est grandement adapté aux nouveaux besoins du marché.
Trois questions-types ont été posées à trois spécialistes de la branche à Genève :
- Quels sont les enjeux/défis auxquels est confrontée une fiduciaire comme la vôtre en 2020 ?
- En quoi les fiduciaires se distinguent-elles de celles de la fin du siècle dernier ?
- Comment décririez-vous la concurrence entre fiduciaires de tailles diverses ?
Alexandre Sadik, responsable de la succursale de BDO-Genève
- L'un des principaux enjeux est la numérisation. Le fait d’être en ligne avec ses clients grâce à des outils modernes est essentiel. La Covid n’a pas changé cet enjeu de base, elle l’a juste accéléré. Il faut toutefois être aussi en phase avec les clients qui, par préférence, font un choix moins numérique.
- Dans les années 90 encore, elles pouvaient traiter tout type de demandes, sans être forcément spécialisées. Aujourd’hui, une personne a en principe le choix entre être moyennement bonne en tout ou véritablement excellente dans quelques domaines bien choisis. Cette évolution est liée à la complexité des réglementations actuelles, qui reflètent d'ailleurs le monde dans lequel nous vivons. Par exemple, la TVA suisse, qui fête ses cinq lustres cette année, est un impôt qui, dans certains domaines, n'a fait que gagner en complexité, tout en augmentant l'attractivité de la Suisse.
- Je prendrais l’image d’une voiture qu’on louerait pour faire un trajet. Qu’on prenne une limousine avec chauffeur, une automobile de catégorie supérieure ou une vieille occasion, chacun arrivera à destination, mais pas au même prix, ni dans le même état. C’est donc un calcul à faire pour le client, mais aussi un effort d’adaptation pour le prestataire en fonction de son client. L’essentiel reste, comme dans bien des domaines, la confiance en l'humain.
Valérie Pictet Benoit, directrice de Fidepar SA et membre du Conseil économique de la CCIG
- Je citerais trois défis plus que jamais d’actualité : la numérisation, l’évolution du profil professionnel et la pénurie de main d’œuvre qualifiée. Dans le premier cas, il faut voir l’intelligence artificielle comme une opportunité et non comme une menace. Concernant le deuxième défi, la formation continue est essentielle afin d’aider les clients dans la jungle règlementaire. Dans le dernier cas, les spécialistes doivent disposer d’une connaissance pointue des conditions cadre locales, ce qui rend le recrutement à l’étranger quasi impossible.
- Outre leur fonction originelle d’établir des comptes annuels, les fiduciaires sont devenues de précieux partenaires dans toutes les étapes de vie d’une société. Elles ont ainsi besoin de maîtriser les connaissances de la gestion d’entreprise.
- Certaines fiduciaires sont spécialisées dans un domaine précis, par exemple l’audit ou la fiscalité, alors que d’autres couvrent plusieurs domaines. Celles qui s'occupent de déclarations fiscales de particuliers à bas prix offrent un service basique et reposent leur stratégie sur le volume. Elles ne sont pas en concurrence directe avec les autres fiduciaires apportant des conseils et offrant des services plus larges et spécialisés.
Christopher Faget, directeur de Fidag Genève
- C’est notamment la numérisation, qui a déjà bien aidé les comptables et les experts, en remplacement des gros classeurs. L’automatisation doit être vue comme un appui technique qui fait gagner du temps, de l’efficacité et de la sécurité. Le professionnel peut alors se concentrer davantage sur le travail à plus-value et sur l’aspect conseil à la clientèle.
- Si la mission de base reste identique, la fiduciaire n’est plus seulement là pour remplir des déclarations fiscales ou tenir les comptes annuels d’entreprise, mais peut donner son expertise, trouver des solutions, accompagner les entrepreneurs dans leurs nombreux défis quotidiens. En ce qui concerne la charge de travail, l’actuelle souplesse des administrations dans la remise de documents permet de mieux étaler les prestations dans l’année. En termes de protection des données, il y a un délicat équilibre à trouver entre l’obligation de respect de la vie privée et celle de conserver des documents fiduciaires durant dix ans.
- C’est un métier qui n’est pas protégé et donc en proie à une vive concurrence, du petit indépendant à la grande firme. Mais le plus compliqué est de convaincre le client que le rapport qualité/prix est plus important que le seul prix d’une prestation.
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