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Indonésie : la politique économique extérieure de la Suisse remise en question

Erik Simonin
Published on 27/01/2021
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En 1972, les Suisses avaient approuvé à une écrasante majorité – 72 % de oui et unanimité des cantons – l’accord de libre-échange liant la Suisse à la Communauté économique européenne (CEE). Jamais, depuis cette date, le peuple n’avait été appelé à s’exprimer sur l’entrée en vigueur d’un tel accord. Près de 50 ans plus tard, les Suisses se prononceront en mars prochain sur un accord de libre-échange historique avec l’Indonésie. Celui-ci ouvre à la Suisse les portes d’une économie dynamique, au potentiel colossal.

Il aura fallu près de 9 ans et 15 cycles de négociations pour parvenir, le 16 décembre 2018, à la signature de cet accord de partenariat économique de large portée entre l’AELE (Suisse, Liechtenstein, Islande et Norvège) et l’Indonésie. Une victoire de la politique commerciale suisse largement plébiscitée par le Parlement en décembre 2019[1], mais remise en cause par un référendum porté par Uniterre, les Verts et l’extrême-gauche.

La CCIG soutient pleinement cet accord qui représente une opportunité majeure pour les entreprises exportatrices suisses. En effet, près de la moitié des exportations suisses sont destinées à des marchés extra-européens. L’ouverture d’un marché de plus de 275 millions d’habitants, au PIB de 1050 milliards de dollars (2018), est importante pour notre économie. Il est à noter que l’accord comporte également un renforcement de la propriété intellectuelle, qui offre aux entreprises suisses des garanties indispensables.

Les processus de libéralisation multilatérale des échanges commerciaux dans le cadre de l’OMC étant enlisés depuis des années, il est plus que jamais nécessaire d’œuvrer sur le plan bilatéral afin de poursuivre la politique économique extérieure de la Suisse.

Développement durable et crédibilité internationale

Autre particularité, cet accord fait œuvre de pionnier en participant activement à la promotion du développement durable. Il contribue ainsi à positionner la Suisse comme un acteur central de cette nouvelle forme de développement. Son volet contraignant sur le commerce et le développement durable contredit de manière très concrète les écueils pointés du doigt par ses opposants. En effet, un accent particulier est mis sur la gestion des ressources forestières, des ressources halieutiques et de la production d’huile de palme durable. Les entreprises suisses contribueront également sur le long terme au développement économique, social et écologique de l’Indonésie en exportant leurs exigences et leur modèle économique en matière de durabilité.

Au plan stratégique, enfin, la ratification de l’accord représente un enjeu important : un rejet en votation populaire diminuerait fortement la confiance des partenaires potentiels envers la Suisse et signifierait un reniement de la politique économique extérieure déployée par les autorités. Il s’agit donc d’une question de crédibilité tant vis-à-vis des partenaires que des marchés émergents tels que la Malaisie, le Vietnam ou l’Inde.

Ainsi cet accord représente une triple victoire, que ce soit d’un point de vue économique, stratégique ou de développement durable. La confirmation de cet accord novateur est d’autant plus souhaitable dans une période où le commerce international aimerait pouvoir reprendre son envol. Soulignons également que l’agriculture suisse, dont l’importance a été mise en évidence avec la crise du covid-19 en 2020, est préservée par cet accord qui ne mettra pas en danger les secteurs sensibles tels que la production domestique d’oléagineux. Ces concessions ont en effet permis d’obtenir le soutien de l’Union suisse des paysans (USP). En vertu de ces bénéfices potentiels importants évoqués, la CCIG recommande donc sans hésiter un grand OUI le 7 mars 2021 !

 

[1] 119 voix contre 56 et 21 abstentions au Conseil national, 34 voix contre 8 et 2 abstentions au Conseil des Etats.

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