Distance ne signifie pas baisse de qualité !
Comme sur la plupart des activités, le COVID-19 a des répercussions sur la formation. Tous les cours en présentiel dans les écoles étant interdits, cela a poussé les institutions à organiser des cours en ligne. Petit tour d’horizon.
L’enseignement à distance a connu un coup d’accélérateur avec la pandémie actuelle. Si le milieu académique est plus habitué aux webinaires que celui de la formation professionnelle, ce mode a radicalement changé la pédagogie traditionnelle. Pour atténuer les conséquences économiques du semi-confinement, les prestataires concernés, écoles privées ou publiques, abordent la crise avec beaucoup de résilience et d’agilité.
« Comme tous, nous nous acclimatons aux nouveaux modes de travail en réorientant nos tâches, explique Damien Berthod, directeur communication de l’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue de Genève (OFPC). Nous avons dû nous résoudre à annuler des rendez-vous physiques tels que les zooms métiers. En revanche, les réseaux sociaux sont réactivés avec des stories sur Instagram ». Des permanences téléphoniques expliquent les changements de prestations au public. Et des tutoriels remplacent peu à peu les ateliers de la Cité des métiers. Les apprentis et stagiaires poursuivent leur formation en entreprise en privilégiant, pour certains, le télétravail. Les consultations d'orientation et le suivi des candidats sont maintenues par visio-conférence. « Au moins, cette crise aura permis d’accélérer des processus jusqu’alors épisodiques et d’étoffer les compétences de nos collaborateurs, d’autant plus que notre public-cible, les adolescents, est versé dans les nouvelles technologies. Le personnel de l’OFSP est dans une bonne dynamique pour relever les défis et proposer des solutions adaptées », conclut Damien Berthod.
Système de classe inversée
« Depuis plusieurs années, nous avions fait des choix stratégiques et un travail en amont en misant sur des systèmes numériques en temps réel. Ils se révèlent désormais payants, indique Alain Moser, directeur de l’école privée éponyme. C’est ainsi que nous avons pu être opérationnels au plus vite pour donner des cours en télétravail ». Cet établissement actif à Chêne-Bougeries et à Nyon propose notamment un enseignement bilingue par immersion. Il a étendu son système de classe inversée, autrement dit une théorie disponible sur un support enregistré, alors que les enseignants interviennent en direct pour les exercices pratiques. Les élèves acquièrent davantage d’autonomie et sont plus concentrés. Mais le e-learning n’a-t-il que des effets positifs ? Cela dépend en fait des catégories d’âge : les enfants ont besoin de davantage de contacts que les adolescents, et cette pratique est plus fatigante pour eux. « Il y aura un avant et un après Covid-19, relève Alain Moser. Beaucoup de pratiques restaient expérimentales, et là c’est un déclencheur évident, surtout dans la formation pour adultes ».
« Dès que le risque de confinement s’est présenté, nous avons anticipé au mieux les choses pour être opérationnels le moment venu », remarque Sean Power, directeur de l’institut Florimont à Lancy. Cette école privée bilingue propose un cursus complet avec maturité et bac international. « Nos élèves et enseignants étaient déjà familiarisés aux outils numériques - tels que les Moodle - et aux formations à distance ». La Direction a donc surtout vérifié que tout fonctionnait techniquement. Une telle expérience sera-t-elle suivie d’effets à Florimont ? « Oui, une fois la situation normalisée, nous débrieferons ensemble pour changer notre approche sur certains projets ». Parmi les pistes suivies, une focalisation sur l’enseignement pratique en classe. Le basculement numérique s’étant opéré à satisfaction, un programme d’enseignement conséquent est maintenu et l’institution n’envisage donc pas le recours à la réduction de l’horaire de travail (RHT) pour ses collaborateurs.
Bonne volonté de toute part
« Le basculement du présentiel vers le online se fait pas sans heurts, du jour au lendemain. Certains secteurs comme la créativité (couture, dessins, céramique, etc.) s’y prêtent plus difficilement que d’autres tels que les secteurs des langues ou de l’informatique », explique Thierry Delachaux, directeur de l’Ecole-Club Migros, très active au bout au lac. Il faut donc que le maximum d’enseignants délivre ses cours en ligne, pour autant que les participants en aient la volonté, la disponibilité horaire et la capacité ! « Nous sommes agréablement surpris par la compréhension de nos utilisateurs et par la coopération de nos enseignants », poursuit Thierry Delachaux. Ceux-ci ont compris le caractère exceptionnel de cette crise, qui comporte son lot d’improvisations. Le bon côté de la situation est qu’elle encourage l’institution à poursuivre ses investissements dans les nouvelles technologies. Et surtout elle sert de catalyseur à des changements durables dans la manière d’enseigner et d’interagir avec une clientèle friande de solutions individualisées, connectées, flexibles et innovantes.
Avec ses 490 employés, 15 000 inscriptions et 500 formations à l’année, l’ifage (Fondation pour la formation des adultes à Genève) a dû suspendre ses cours en présentiel et reporter ses formations en industrie, qui nécessitent des machines lourdes. Pour le reste, « il nous a été possible de déployer toute notre agilité et nos formations à distance s’étayent au fil des jours. Nous proposons un format en classe virtuelle, animée par un formateur, ce qui maintient l’emploi. Il s’agit en effet de distinguer les cours asynchrones, dont le contenu est consultable à sa guise, des cours synchrones, avec la présence d’un formateur », indique Nicolas Wirth, directeur général de l’ifage. Pour effectuer cette transition, chaque étudiant a été consulté. En effet, certains clients se satisfont des cours à distance, d’autres ne veulent pas payer pour une prestation différente. Malgré ses efforts, l’ifage a dû enclencher le mécanisme de chômage partiel. La fondation procédera à des reports de cours ou des crédits formation. Ses cours s’achetant par modules, elle analysera les remboursements au cas par cas. Avec cette crise, le projet de formation digitale ifage smart-académie a été accéléré et le format des classes virtuelles y trouve désormais tout son sens.
Plateformes salutaires
A l’échelon universitaire genevois, les professeurs enregistrent désormais leurs cours, disponibles en léger différé, et un forum permet aux étudiants de poser leurs questions en ligne. L’UNIGE utilise en particulier Perusall, sorte de classe virtuelle qui suit le travail à distance. Elle a aussi la possibilité de rediriger ses étudiants vers la plateforme Coursera, qui propose 3200 cours en ligne assurés par des écoles internationales. Enfin à la HES-SO, 25 000 étudiants utilisent la plateforme Cyberlearn.
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Le webinaire, la nouvelle pratique professionnelle
S’il y a bien un nouvel outil qui a émergé durant le semi-confinement, c’est le webinaire. Ce néologisme, associant les mots web et séminaire, désigne toutes les réunions interactives en ligne dans un but d'enseignement à distance ou de travail collaboratif. C’est l’aspect interactif qui le distingue de la simple conférence en ligne. L'accès est, selon les cas, payant ou gratuit, libre ou filtré.
L’auditoire est de toute façon concentré sur les propos de l’interlocuteur, qu’il voit dans un coin d’écran presque comme dans une salle. S’il n’a pas compris une explication, un système de « main levée » permet un éclaircissement presque en temps réel. Par ailleurs, en guise de supports, des sites Internet, des diaporamas ou des échanges de messages peuvent défiler à l’écran en même temps que les explications. Lors d’une table ronde, chacun des panélistes peut intervenir, le son réenclenché de son micro le mettant à l’image instantanément. Quant à la session des questions/réponses, elle se fait juste par chat plutôt qu’à pleine voix ; et encore, il y a possibilité pour le modérateur de faire intervenir le participant en live. Enfin, certains dispositifs permettent l’enregistrement de la session pour une consultation ultérieure en podcast. Ainsi, les conditions se rapprochent du concept des séminaires traditionnels. L’essentiel est que la technique sonore et visuelle soit à la hauteur.
Visioconférences aussi pour la CCIG
Autre webconférence, celle faite le 29 avril en partenariat avec WeCan sur le thème « Apprendre à mettre la blockchain au service de son entreprise », d’abord prévue sous forme d’un séminaire de deux jours.
Pour plus d'informations, voir le site de la CCIG
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