Année difficile, perspectives moroses
La Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG) a réalisé en septembre dernier son Enquête conjoncturelle d’automne. En 2016, les affaires ont été mauvaises pour 30% des entreprises, en progression de 2 points par rapport à la même période l’an dernier ; ce taux monte à 54% pour l’industrie. Les prévisions à six mois et au-delà ne se montrent guère plus optimistes.
En 2016, comme en 2015, moins de la moitié des entreprises répondantes – 48% – jugent la marche des affaires satisfaisante (contre 50% en 2014) et 22% la jugent bonne à excellente (elles étaient 24% en 2015 et 31% en 2014). Pour 30% des entreprises, les affaires ont été médiocres voire mauvaises (contre 28% l’an passé). Dans l’industrie, ce sont même 54% des répondantes qui sont dans ce cas, alors qu’elles n’étaient que 38% en 2015 ! Tous secteurs confondus, ce sont les entreprises le plus fortement exportatrices qui constatent les moins bons résultats.
Pour l’année à venir, les entreprises restent pessimistes. 32% d’entre elles voient des affaires médiocres à mauvaises (41% dans l’industrie) à court terme (6 mois) et elles sont même 41% dans ce cas pour le moyen terme (au-delà de 6 mois). Dans ce dernier cas, c’est même une industrie sur deux (49%) qui est pessimiste. « Particulièrement pour ce qui est de l’industrie, on voit les effets du franc fort », estime Jacques Jeannerat, directeur général de la CCIG. « Il est toutefois paradoxal de constater que, bien que certains instituts prévoient une conjoncture à la hausse pour notre pays, ce n’est clairement pas ainsi que le ressentent les entreprises genevoises. L’incertitude liée aux votations à venir sur RIE3 contribue certainement aussi à la morosité. »
Stagnation des salaires et tendance à l’augmentation de l’horaire hebdomadaire
L'augmentation moyenne des salaires au début 2016, pondérée selon la taille des entreprises, s'élève à 0,5% (0,3% pour l’industrie et 0,5% pour les services), alors qu’elle avait été de 0,7% en 2015 (mais de 1,3% en 2014). Cette faible progression est globalement conforme aux prévisions formulées l’an dernier, les services ayant progressé légèrement plus que prévu et l’industrie moins que prévu.
Pour 2017, la hausse moyenne des salaires, pondérée selon la taille des entreprises, s'élève à 0,6% pour l’industrie et 1,2% pour les services. Près de 60% des entreprises ne pensent pas accorder d’augmentation en 2017.
Pour la quatrième année consécutive, l’horaire hebdomadaire de travail s’allonge. Ainsi, 10% des entreprises connaitront en 2017 une durée hebdomadaire de travail comprise entre 41 et 41,9 heures contre 9% en 2013, et 28% se situent dans la tranche allant de 42 à 42,9 heures hebdomadaires, alors qu’elles n’étaient que 23% en 2013. Ceci est particulièrement vrai dans l’industrie, où 38% des entreprises pratiquent un horaire compris entre 41 et 42,9 heures hebdomadaires.
Stabilité des effectifs et redémarrage des investissements
En 2016, l’effectif du personnel a été stable pour 60% des entreprises du secteur des services, mais seulement pour 45% des industries ; 43% d’entre elles ont annoncé une diminution d’effectif. Pour 2017, les trois quarts des entreprises, tous secteurs confondus, prévoient une stabilité de leurs effectifs.
Les investissements réalisés dans le courant des douze derniers mois sont repartis à la hausse, avec 38% des entreprises déclarant en avoir réalisé contre 31% l’an dernier.
Digitalisation : appréciation variable selon la taille de l’entreprise
La digitalisation laisse les entreprises sondées très partagées quant à son influence sur les activités. La moitié (51%) juge que cela les modifie, l’autre moitié (49%) n’y voit pas d’impact. Cependant, l’image est tout autre selon la taille de la société : les PME de plus de 100 employés sont 81% à se dire concernées directement par le numérique, alors qu’elles ne sont que 44% parmi celles qui occupent moins de 30 collaborateurs.
En matière d'emploi, 81% des répondants pensent que le numérique n'aura aucun impact sur leurs propres effectifs ; seuls 11% prévoient une diminution, tandis que, chez les grandes PME (100 collaborateurs et plus), cette proportion est de 38%.
RIE3 : investissements dans l’outil de production
Avec RIE3, le taux d’imposition d’une vaste majorité des entreprises passera d’environ 24% à 13,49%. Il est intéressant de constater que près d’un sondé sur deux (43%) investira tout ou partie de la somme ainsi économisée dans son outil de production. Cette tendance est plus marquée auprès des grandes entreprises : 52% des entreprises de plus de 100 collaborateurs sont dans ce cas, pour 39% de celles de moins de 30 employés.
Pour près d’un tiers des sondés (31%), cet impôt non dépensé ne changera strictement rien à leur stratégie car ces entreprises déclarent ne pas faire de bénéfices. Mais pour une petite moitié (46%), prudente ou pessimiste face à l’avenir, il constituera une réserve de trésorerie.
Le résumé en vidéo se trouve sur la chaîne YouTube de la CCIG : https://youtu.be/BCB320H1FxE
Note méthodologique
L'Enquête conjoncturelle de la CCIG a été réalisée entre le 17 août et le 1er octobre 2016.
2302 questionnaires ont été envoyés ; 458 ont été retournés et sont utilisables pour l'une ou l'autre des questions posées, soit un taux de réponse de 20%.
Ces 458 questionnaires représentent 58 000 emplois dans le canton, soit 39,6% des emplois des membres de la CCIG (128 000).
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