Discours du président de la CCIG lors de l'Assemblée générale
Mesdames et Messieurs, chers amis de la Chambre de commerce,
Je vous souhaite une très cordiale bienvenue à notre 151e Assemblée générale. Parmi les nombreuses personnalités qui nous honorent de leur présence, je tiens à saluer tout particulièrement :
Monsieur le président du Grand Conseil,
Monsieur le procureur général,
Messieurs les conseillers d'Etat,
Messieurs les députés genevois aux Chambres fédérales,
Mesdames et Messieurs les députés au Grand Conseil,
Mesdames et Messieurs les maires, conseillers administratifs et adjoints des communes genevoises ainsi que les représentants des autorités municipales,
Mesdames et Messieurs les représentants des corps diplomatiques et consulaires à Genève.
Je souhaite également la bienvenue:
- aux représentants des administrations fédérales, cantonales et communales ;
- aux représentants d’economiesuisse et des grands organismes économiques de notre pays ;
- aux représentants des associations et organismes professionnels, économiques et touristiques de notre canton ;
- ainsi qu’aux représentants des partis politiques.
Cette année encore, je suis contraint de brosser un tableau peu optimiste de notre économie. Depuis l’été 2015, les bourses faiblissent, traduisant un ralentissement économique plus prononcé qu’attendu. Les prévisionnistes revoient à la baisse leurs pronostics de croissance pour 2016. La locomotive chinoise ralentit et les fondamentaux de l’ensemble des pays émergents déçoivent.
Si l’économie suisse a confirmé l’an passé sa résilience, c’est essentiellement parce que les marges ont été comprimées afin de maintenir les volumes d’exportations. A l’évidence, ceci n’est pas une stratégie viable sur le long terme. A l’extérieur comme à l’intérieur, l’incertitude règne en maîtresse.
Conséquence logique, il faut s’attendre à une poursuite de la hausse du chômage. Seule consolation, il n’atteindra probablement pas ses niveaux de 2002 et 2009. Les mauvaises nouvelles ne manquent pourtant pas. Délocalisations et rationalisations dans le secteur industriel, illustrées en début d’année par l’annonce de plus d’un millier de licenciements du côté d’Alstom Suisse, ou poursuite de la consolidation dans le secteur bancaire sont autant de signes inquiétants. Le taux de change euro / franc se maintenant autour de 1 franc 10, aucun salut ne viendra de ce côté.
Pendant ce temps, la « solution » du Conseil fédéral pour la mise en place du frein à l’immigration de masse laisse songeur. Sa proposition est en effet basée sur la fixation d’un solde migratoire annuel pour les ressortissants de l’Union européenne et de l’AELE, selon des critères qui ne sont pas encore connus. J’ai pour ma part du mal à croire que l’Union européenne trouvera ces plafonds compatibles avec l’accord sur la libre circulation. Or, si celui-ci tombe, la clause guillotine s’appliquera très vraisemblablement et fera tomber six autres accords d’une importante cruciale pour la Suisse. Par ailleurs, si les efforts qui visent à favoriser l’emploi des femmes ou des seniors sont bien entendu louables et nécessaires, il paraît évident que cette main d’œuvre ne saurait combler tous les besoins de l’économie suisse.
Autre sujet d’une importance cruciale pour notre pays : RIE III. Le conseiller d’Etat Pierre Maudet, dans son allocution lors de notre Evénement économique du 5 novembre dernier, nous a garanti explicitement « un taux de 13,00 périodique ». Mais nous n’en avons pas encore la certitude et ceci est source d’inquiétude pour l’économie. J’ajouterai qu’à côté du taux d’imposition sur les bénéfices, il est nécessaire de maintenir un taux d’imposition sur le capital qui soit, lui aussi, compétitif.
Les derniers développements sur le plan cantonal sont positifs. Nos voisins vaudois ont plébiscité à plus de 87% le projet déposé par le Conseil d’Etat. Un taux unique de 13,79%, couvrant les impôts fédéraux, cantonaux et communaux sur le bénéfice, sera appliqué à l’ensemble des entreprises. Les avantages directs en faveur de la population prévus dans la réforme vaudoise ont certainement dopé son taux d’acceptation. Genève ne pourra pas s’appuyer sur ce levier, les mesures en faveur de la population ayant déjà été mises en œuvre, au travers de l’augmentation des allocations familiales notamment. Il n’en demeure pas moins que le maintien des entreprises sur notre territoire grâce à un taux d’imposition concurrentiel à 13% est la meilleure manière de conserver les emplois à Genève. Faut-il rappeler que selon l’étude du CREA, ce sont plus de 60 000 postes de travail qui sont en jeu ? Ce simple constat devrait conduire à l’union sacrée de la classe politique derrière cette réforme.
Sur le plan fédéral en revanche, de nouvelles incertitudes ont été créées par le Parti socialiste qui a annoncé vouloir lancer un référendum. Au vu des nombreuses initiatives lancées contre le système fiscal suisse, le rôle du pompier pyromane semble définitivement plaire à ce parti. Il faudra vraisemblablement une nouvelle fois mobiliser nos forces pour éviter la destruction de notre édifice fiscal au lieu de les consacrer à son amélioration. Ces incertitudes sont d’autant plus regrettables que les travaux du Conseil national avaient apporté quelques évolutions positives pour Genève, notamment la prise en considération de la taxe au tonnage, instrument fiscal intéressant pour le secteur du négoce, dont l’importance pour Genève n’est plus à démontrer.
Incertitude et inquiétude, Mesdames et Messieurs : tels sont les sentiments actuels des entreprises, grandes ou petites. En période de conjoncture internationale incertaine, la sécurité du droit suisse constituait l’une des forces principales de ce pays. Que ce soit en matière de fiscalité ou d’accès à la main d’œuvre étrangère, cette sécurité a fondu comme neige au soleil.
En février, nous avons évité, au plan fédéral, l’introduction d’une restriction au négoce des matières premières alimentaires. Au plan cantonal, la Chambre s’est mobilisée contre la suppression des allègements fiscaux. Cette victoire dans les urnes est un clou en moins dans le cercueil de l’économie genevoise. Il n’en reste pas moins que, dans chacun de ces cas, pour ne citer que les plus récents, il s’agissait d’une initiative populaire fondée sur une parfaite méconnaissance des fonctionnements élémentaires de notre tissu économique. Nous pouvons, bien sûr, le déplorer. Mais nous devons surtout nous demander quelles en sont les causes et comment y remédier.
En tant qu’acteurs de l’économie, il nous incombe à tous, Mesdames et Messieurs, d’être attentifs à expliquer comment nous faisons « tourner nos boutiques » ; quelles sont les contraintes auxquelles nous sommes confrontés ; quels sont les enjeux. Plutôt que de fustiger les politiques pour les effets de manche dont ils sont friands, nous devons nous attacher à encourager un dialogue constructif.
Pour dialoguer, il faut parfois faire le premier pas et solliciter l’attention de l’autre. Les membres de la Chambre rassemblent 128 000 emplois, soit plus de 40% de tous les emplois que compte le canton. Messieurs les conseillers d’Etat, Mesdames et Messieurs les élus, vous trouverez toujours en nous un partenaire de discussion attentif et ouvert : n’hésitez pas à nous interpeller, à nous poser des questions et même à nous challenger.
Mesdames et Messieurs les membres, faites-nous part de vos préoccupations, partagez vos idées et vos propositions.
Le Dîner annuel de la Chambre est un moment d’échange et de débat. Du partage et de la confrontation des idées ne peut naître qu’un enrichissement mutuel. Je vous souhaite donc à tous une soirée prospère !
Seule la parole prononcée fait foi.
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