Une Genferei à cultiver
La célébration du Jeûne genevois est due à l’opiniâtreté des Genevois. Alors que la pratique des jeûnes disparaît sous l’occupation napoléonienne, à Genève elle se renforce et prend une coloration patriotique plutôt que religieuse. Les communes catholiques s’y joignent volontiers. Mais lorsque la Diète fédérale instaure le Jeûne fédéral en 1832, Genève, une fois encore se distingue en refusant cette uniformisation et décide de continuer à célébrer « son » jeûne. Perdant peu à peu son caractère religieux au cours du XIXe siècle, et même son officialité, le Jeûne genevois ne rejoint la liste des jours fériés officiels qu’en 1966.[i]
Cette opiniâtreté est une qualité que les entrepreneurs genevois de ce début de XXIe siècle doivent posséder en quantité. Comme le montrent les toutes dernières perspectives économiques de la BCGE, si on peut prévoir une croissance en 2015, celle-ci sera modeste. Mais surtout, on constate aujourd’hui que le grand chambardement économique et financier de 2008 continue de déployer des effets. A ceux-ci, s’ajoutent désormais des risques géopolitiques durables.
Au plan national, les incertitudes se multiplient- il n’y a qu’à lister les votations à thématique fiscale des dix-huit derniers mois et celles de l’année à venir. L’entreprise, enfin, est trop souvent bridée par des règlements administratifs dont la pertinence n’apparaît qu’aux yeux de leurs auteurs.
Plus que jamais, le bien-être genevois dépend de la capacité de résistance des entreprises. C’est pourquoi nous ne devons pas ménager nos efforts pour que les conditions cadre favorisent des activités économiques durables, dans tous les sens du terme. Souhaitons que nos élus puissent, peut-être la faveur de la pause qu’offre le Jeûne - en prendre toute la mesure.
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