Sondage sur les transports : plus que quelques jours pour donner votre avis
Les milieux professionnels, en particulier les artisans et les commerçants, sont proportionnellement les moins nombreux à avoir répondu à l’enquête « Les transports à Genève », mise en ligne par le Département des transports jusqu’à la fin du mois. Il ne reste plus que quelques jours pour que les entreprises fassent entendre leur voix. La CCIG vous encourage à vous rendre sur www.ge.ch/notre-mobilite pour donner votre avis.
Pour qui ne baigne pas tous les jours dans la politique des transports, certaines questions peuvent cependant paraître étranges. Voici quelques clés de décodage.
En matière de logement, faudrait-il donner la priorité aux personnes qui travaillent ou se forment dans le périmètre ?
Habiter près de son lieu de travail ou de formation permet de limiter les déplacements pendulaires. C’est donc intéressant a priori pour les individus et pour la collectivité. Mais en faire une règle est une entrave à la liberté de l’habitant comme du bailleur. L’application serait par ailleurs problématique. Ainsi, par exemple, la personne qui quitte son emploi, termine sa formation ou part à la retraite, devra-t-elle quitter son logement ?
Moduler la priorité des différents modes de déplacement selon les zones du territoire ?
Les Verts ont déposé une initiative qui demande d’accorder systématiquement la priorité aux transports publics dans la circulation. Cette revendication est extrême, car la priorité aux transports publics ne se justifie pas partout, notamment dans les zones où les transports individuels sont plus efficaces que les TPG, par exemple dans la campagne genevoise. En revanche, elle pourrait être envisagée dans l’hypercentre, pour autant qu’elle ne paralyse pas le trafic privé. Quant à la priorité aux piétons ou aux vélos, cela semble une mauvaise idée que de vouloir la généraliser. Peut-on imaginer qu’un tram doive s’arrêter quand un piéton veut traverser la chaussée ?
Propositions pour améliorer la mobilité
Le développement de zones piétonnes dans les quartiers commerçants est soutenu par les milieux économiques mais il ne doit pas se faire au détriment des usagers et des entrepreneurs qui doivent pouvoir y stationner leurs véhicules, d’où la nécessité de compenser le plus près possible les places de stationnement supprimées en surface.
La loi genevoise oblige le canton et les communes à aménager des voies de circulation pour les vélos et les piétons mais cela ne doit pas se faire en supprimant des places de stationnement ou en supprimant des voies de circulation. En effet, Genève ne dispose pas, proportionnellement, de trop de places de stationnement par rapport à son parc de véhicules ni même en comparaison avec les autres centres urbains de Suisse. En revanche, on peut imaginer affecter certaines voies de circulation aux transports professionnels, par exemple à certaines heures pour permettre les livraisons dans les zones piétonnes. Améliorer la circulation pour les transports professionnels passera toutefois par la mise en œuvre d’une vision globale de la circulation (notamment, en réalisant les infrastructures routières périphériques qui permettront de désengorger le centre-ville)
Mesures à prendre en cas de pics de pollution
Le dernier pic de pollution dû aux particules dites « fines » remonte à mars 2014 et il a donné lieu à plusieurs interventions parlementaires demandant de renforcer l’arsenal d’urgence. D’une manière générale, la qualité de l’air s’est améliorée au cours des 25 dernières années à Genève, notamment pour le dioxyde de soufre, les oxydes d’azote ou l’ozone. Tel n’est pas le cas cependant pour les particules fines, surtout en hiver. Compte tenu des effets d’inertie, les possibilités d’influencer localement les concentrations de polluants durant les pics de pollution sont restreintes. Cela étant, le Conseil d’Etat peut d’ores et déjà mettre en place deux mesures d’urgence à court terme, soit limiter la vitesse à 80 km/h sur l’autoroute en cas de dépassement de la moyenne journalière de 100 μg/m³, soit introduire la circulation alternée sur tout le territoire lorsque le taux de particules fines atteint 150 μg/m³. Avant d’aller plus loin, il convient de se demander quelles en seraient les conséquences économiques et sociales (p.ex. quand il est proposé d’interdire la circulation des véhicules diesel) et comment – et à quel coût - l’Etat pourrait en contrôler le respect.
Identifier de nouvelles sources de financement pour les infrastructures de transports
Le péage urbain n’existe pas en Suisse. Sa mise en place a souvent été évoquée pour réguler le trafic ou diminuer la pollution. Les milieux économiques n’y ont jamais été favorables, notamment à cause de ses effets économiques. Le péage urbain renchérit l’accès au centre et peut donc exercer un effet dissuasif sur les automobilistes devant s’y rendre pour faire des achats ou y exercer une activité économique. Faire financer par ce biais les transports en général (tant publics que privés) par les automobilistes et les transporteurs professionnels (voire les conducteurs de deux roues) n’est pas acceptable car ceux-ci y contribuent déjà que ce soit par leurs impôts, la RPLP et les taxes sur les carburants. En revanche, un péage dont les recettes seraient affectées à une nouvelle infrastructure routière serait soutenu par la CCIG, pour réaliser la traversée autoroutière du lac. Enfin, en ce qui concerne l’instauration d’une taxe transport payée par les entreprises, la CCIG s’y oppose car cela renchérirait le facteur travail, pénaliserait les entreprises intensives en personnel et diminuerait la compétitivité de l’économie genevoise.
Entrepreneurs, l’occasion vous est donnée, comme au reste de la population, de participer à la réflexion autour de la future loi sur la mobilité, que le Gouvernement présentera en fin d’année au Grand Conseil et qui concrétisera le libre choix du mode de transport qui figure dans la constitution genevoise.
Ne pas répondre, c’est laisser d’autres décider du contenu de ce concept et, connaissant l’activisme de certains lobbies, le résultat risque fort de ne pas être favorable aux intérêts des entreprises. Vous avez aujourd’hui l’occasion de contribuer à façonner une politique des transports plus favorable aux besoins des entreprises. Saisissez-la !
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