Pour une utilisation rationnelle du sol
La nécessité d’utiliser rationnellement une denrée, quelle qu’elle soit, semble couler de source. Cette évidence prend encore plus de sens lorsque ladite denrée se révèle rare, comme c’est le cas du sol à Genève. La modification de la loi générale sur les zones de développement (LGZD) met des garde-fous au gaspillage du territoire et préserve les espaces verts, les zones agricoles et de villas.
L’urbanisation du canton se trouve dans une phase critique. Les problématiques de mobilité sont omniprésentes et les améliorations attendues des gros investissements consentis en infrastructures lourdes, telles que les nouvelles lignes de tram, tardent encore à se manifester, peut-être en raison d’une prise en compte insuffisante d’autres conditions essentielles.
Parmi celles-ci, la nécessité de densifier l’habitat là où se trouvent des axes forts de transports publics, notamment des gares CEVA. Pour résoudre l’équation infernale «logements – transports», il est nécessaire d’inverser le paradigme actuel qui consiste à accepter des projets aux densités faibles en regard de la zone considérée en définissant des indices minimaux, assortis de possibilités de dérogations.
En 2010 déjà, dans le projet GVACUBE, la CCIG prenait clairement position en faveur d’une densification de la ville «vers l’intérieur», au travers de la présentation d’une constitution urbaine. La densification de secteurs situés à moins de trois kilomètres du centre-ville et à proximité de lignes de transports publics efficaces sonnait comme une évidence.
Ces grands principes se sont par la suite retrouvés dans le plan directeur cantonal adopté par le Grand Conseil en septembre 2013. Ils ont été également au centre des réunions de concertation dans les communes où de grands projets de développement sont prévus. Le texte sur lequel les Genevois sont appelés à se prononcer est l’une des concrétisations légales de ces principes. Il donne une définition de l’indice de densité et fixe les indices minimaux selon les zones, entre 2,5 en ville et 0,8 dans les villages.
Au Parlement, aucun groupe ne s’est opposé à ce projet. Toutefois, comme souvent en matière d’aménagement du territoire, les intérêts particuliers reprennent le dessus lorsque la quiétude de son habitat est supposée être dérangée. Les arguments opposés à ce projet sont d’ailleurs illustratifs de cette attitude : éviter les constructions en hauteur – afin de ne pas obstruer mon horizon – et refuser la densité de l’habitat, synonyme de mauvaise qualité de vie. En somme, il faut construire des habitations, mais pas proches de chez moi.
Densifier pour éviter de déclasser
Les référendaires se trompent de combat. Sur un territoire limité, l’utilisation qui est faite des zones dévolues à chaque type d’usage doit être rationnelle. Là où de l’habitat collectif doit se construire, selon les principes déjà énoncés, il doit être dense et qualitatif, adjectifs nullement antinomiques. Il est à ce propos intéressant de noter que la densité des quartiers des Tours de Carouge et du Vieux-Carouge est parfaitement comparable, avec des morphologies diamétralement opposées !
Rationnaliser l’utilisation du sol, c’est créer les logements qui manquent à Genève. C’est aussi permettre à la zone villa de rester une option de vie pour de nombreux Genevois en évitant des pressions grandissantes sur l’ensemble des périmètres abritant actuellement ce type d’habitat plus individuel. Enfin, c’est le meilleur moyen de préserver le cadre environnemental de Genève en évitant des déclassements massifs de la zone agricole.
Cette loi va dans le sens d’un développement harmonieux, concerté et efficace de Genève. S’en passer serait à l’évidence un retour en arrière. Economisons notre sol en votant OUI à une utilisation rationnelle de celui-ci !
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