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Stratégie cantonale «Mobilités 2030»: Des solutions concrètes plutôt qu'un carcan de restrictions

Nathalie Hardyn
Posté le 15/03/2013
Articles de fond

Au mois d’octobre passé, le Conseil d’Etat a publié et mis en consultation le document Mobilités 2030, supposé exposer la vision gouvernementale quant au futur de la mobilité dans le canton. La CCIG fondait de grands espoirs sur le projet de « stratégie multimodale » et, même si elle salue la volonté affichée d’enterrer la hache de guerre, elle déplore l’esprit anti-circulation qui imprègne le document.

Un biais idéologique dangereux

La nécessité de trouver des compromis sur les enjeux qui polarisent les opinions en matière de mobilité est souvent évoquée et Mobilités 2030 dresse une longue liste de projets qui devraient être réalisés à l’horizon 2030, de la nouvelle ligne de tram à la traversée du lac.

Si l’intention semble louable, le diable se cache malheureusement dans les détails. Car si la stratégie proposée fait du concept de « multimodalité » des déplacements l’Alpha et l’Omega de la politique de mobilité du canton, la traduction de ce concept dans les faits s’éloigne notablement de ce que l’on désigne habituellement par le mot « compromis ».

Plus grave, la question de la mobilité est traitée, dans ce document, comme la manifestation d’une crise de croissance. Cette vision est pernicieuse. Genève ne connaît pas une crise de croissance mais doit, bien au contraire, se donner les moyens de répondre aux défis que pose cette croissance. Car, comme l’avait démontré l’étude « Le ‘Grand Genève’ : centre urbain et pôle métropolitain » publiée par la CCIG en 2011, même avec le scénario économique le plus pessimiste, le Grand Genève atteindra le million d’habitants peu après 2020. Rationner les déplacements et limiter de manière drastique la mobilité des Genevois n’est à l’évidence pas une option.

Les objectifs mais pas de moyens

Une baisse de quelque 30% des capacités routières dévolues au trafic motorisé au centre de l’agglomération genevoise est donc prévue. Comme sur de nombreux points, le document reste (volontairement ?) très vague sur le périmètre que recouvre l’appellation « centre ». Parle-t-on d’un périmètre restreint entre Plainpalais et Cornavin ? Ou du « cœur de l’agglomération », à savoir les villes de Genève, Carouge, Vernier, Lancy et Meyrin ? Une lecture attentive du document mène à la conclusion qu’il s’agit vraisemblablement de cette deuxième possibilité. Sont également concernés les principaux points de passage de l’Arve et du Rhône. Des diminutions de capacité sont ainsi prévues sur le Pont Butin par exemple.

La construction de la traversée du lac est présentée comme une mesure compensatoire. Cela ne peut que réjouir la CCIG. Cependant, il y a fort à parier que les restrictions de circulation ne soient en vigueur longtemps avant la réalisation de la traversée du lac…

Un report massif des utilisateurs de la route vers les transports en commun fait partie du plan. Mais en même temps, les montants nécessaires à développer le réseau de telle manière qu’il puisse absorber une hausse de la demande d’une telle ampleur ne sont pas chiffrés. Or, les finances genevoises sont déjà en mauvaise posture et le niveau actuel de la dette exclut un recours massif à l’emprunt pour financer de tels travaux. Le Conseil d’Etat l’admet lui-même en revoyant à la baisse ses objectifs d’investissement dans le cadre de son plan financier quadriennal 2013-2016.

L’enjeu du trafic professionnel

Parmi les quelques éléments positifs à noter figure la place accordée au trafic professionnel. Si le résultat est perfectible, la CCIG note avec satisfaction que des dérogations pourraient être accordées au trafic professionnel sur des axes par ailleurs fermés à la circulation automobile. Ceci étant, les précisions sur les modalités d’application sont au mieux floues, au pire inexistantes. Il est donc à ce jour difficile de savoir si certaines déclarations d’intention louables se transformeront effectivement en actes concrets. La CCIG relève néanmoins avec satisfaction l’engagement du Conseil d’Etat en faveur de l’amélioration des conditions de stationnement et des conditions de circulation pour le transport professionnel.

Mieux prendre en compte la réalité

 La mobilité fait partie des conditions cadre qui déterminent l’attractivité économique d’un lieu. A ce titre, la CCIG s’est toujours fait fort de promouvoir, sans arrière-pensées idéologiques, les projets nécessaires au développement économique du canton, que ce soit la traversée autoroutière du lac ou le CEVA.

Elle souhaite donc que de vraies solutions aux défis que rencontre Genève en matière de mobilité soient mises en œuvre. Restreindre la circulation à coup de fermetures de rues n’est pas un moyen de fluidifier la circulation. Par contre, la construction de P+R à proximité de la frontière, bien reliés aux infrastructures de transport en commun – CEVA et trams – en est un. 

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