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Groupement Transports et Economie: Une nouvelle présidente déterminée à faire bouger Genève

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Posté le 04/03/2012
Articles de fond

Directrice adjointe de la CCIG, Nathalie Hardyn a été élue, le 22 février dernier, à la présidence du Groupement Transports et économie (GTE). Au sein de la CCIG, elle est responsable des dossiers relatifs à la mobilité, l’énergie, l’environnement et au développement durable, autant de thématiques ultrasensibles qui lui tiennent particulièrement à cœur. Avec la présidence du GTE, qui souffle cette année sa vingtième bougie (voir encadré), et à l’heure où l’association pilote la lutte contre la fermeture de 50 rues tests à Genève, Nathalie Hardyn entend démontrer que les intérêts des entreprises sont compatibles avec ceux de la population. Décryptage des ambitions de la nouvelle présidente.


La campagne que viennent de lancer le GTE et la CCIG contre la fermeture de 50 rues tests peut donner l’impression d’être en opposition au développement durable et à la qualité de vie : que répondez-vous aux sceptiques ?


Se déplacer n’est jamais une fin en soi. À l’origine de chaque mouvement, il y a un besoin à satisfaire pour celui qui se déplace. En ce sens, la mobilité fait partie de la qualité de vie. Il n’y a plus de qualité de vie si l’un des trois piliers du développement durable s’écroule. Si nous combattons le crédit municipal de 5 millions pour tester la fermeture de 50 rues en Ville de Genève, c’est parce qu’il est néfaste pour l’économie. Les entreprises et les commerces en ont assez que les autorités compliquent la vie de leurs clients. Le projet est aussi mauvais pour la qualité de vie dans les quartiers concernés : report du trafic, difficultés de stationnement, plus de bouchons, de bruit et de pollution.



Le GTE est-il favorable à l’aménagement de zones piétonnes ?


Oui, pour autant que les clients, qui ne peuvent pas faire autrement que de s’y rendre en voiture, puissent se garer dans des parkings pas trop éloignés.


Est-il le porte-parole de la voiture à tout va ?


Non, ce n’est pas sa vocation. Il se préoccupe exclusivement des transports professionnels.


Que faire pour que les intérêts des entrepreneurs soient mieux pris en considération dans la politique des transports ?


Chaque projet devrait être examiné en fonction de ses avantages et de ses inconvénients pour l’économie. Mais cela suppose une réelle concertation au sein du Conseil des déplacements, la Commission consultative qui dépend du Département de l’intérieur et de la mobilité (DIM). Dans les faits, les projets sont trop souvent présentés clef en main. C’est ainsi que le DIM n’a tenu aucun compte des critiques du GTE sur le plan directeur du réseau routier 2011-14.


Quels défis aimeriez-vous relever avec votre présidence ?


En matière de mobilité, les entreprises et les associations qui les représentent ont évolué, même si les Verts et la gauche ne l’ont pas compris. À Plan-les-Ouates ou aux Acacias, par exemple, des entreprises se regroupent pour gérer la mobilité de leurs employés. D’autres ouvrent des plates-formes de co-voiturage, financent des abonnements de transports publics, montent des plans de mobilité. Un de mes défis sera de faire passer ce message. Pourquoi, par exemple, les autorités ne soutiendraient-elles pas le développement de plans de mobilité d’entreprise ? En revanche, sur les sujets non négociables pour le GTE, comme la création de parkings aux abords des zones piétonnes commerçantes et le maintien des voies d’accès pénétrantes, je ferai preuve de détermination et de combativité.


Vos vœux les plus chers pour Genève ?


En premier lieu, le développement des infrastructures de transport locales et régionales, à commencer par une traversée du lac. Ensuite, je souhaite que nous cessions les querelles stériles, ces « genevoiseries » qui empêchent que nous soyons pris au sérieux, notamment dans la politique fédérale. Le troisième vœu concerne l’équilibrage du développement des différents modes de déplacement, en fonction de leur pertinence spécifique. Le GTE ne demande pas que tous les modes de transport circulent partout. Mais il faut qu’ils soient plus rapides, plus fréquents et que la mise en service de nouvelles lignes soit précédée de l’ouverture de parkings (P+R) en bout de ligne, sur territoire genevois ou en France. Et là, les choses traînent beaucoup trop. Depuis 2008, une carte des autorités recense quarante P+R possibles, dont une trentaine sur territoire français : à ce jour, rien n’a été construit. C’est parfaitement inacceptable.


 

GTE : Vingt ans de mobilisation


Alors qu’il fête vingt ans d’existence, le Groupement Transports et économie dote son Comité d’un tandem engagé pour défendre la mise en place d’une politique des transports axée sur les besoins de l'économie genevoise. Aux côtés de Nathalie Hardyn, présidente (voir page 1), Nicolas Rufener, secrétaire général de la Fédération genevoise des métiers du bâtiment, prend la vice-présidence. Et revient sur deux décennies de mobilisation.


« La liberté individuelle du choix du mode de transport est garantie », annonce la Constitution genevoise dans son article 160A. Avant de préciser que le réseau routier du canton et des communes s’organise afin « d’assurer un équilibre entre les divers modes de transport » ainsi que « la meilleure fluidité possible du trafic privé ». Adoptées en juin 2002, ces quelques lignes concluent un combat fondateur lancé, via une initiative populaire, par le Groupement Transports et économie (GTE), créé dix ans plus tôt, en 1992. « L’avancée est majeure, commente Nicolas Rufener. À cette époque-là, la mobilité devient un enjeu politique. Les problèmes de circulation sont à la mode et on parle d’une nouvelle traversée de la rade. Quant à la société genevoise, on la dit profondément polarisée. D’un côté, on trouverait une forte volonté de réappropriation urbaine, animée par les tenants d’une mobilité douce. À l’extrême opposé, il y aurait les défenseurs des besoins de l’économie considérés comme les chantres d’une mobilité individualiste et libertaire. En bref, ce seraient les pro et les anti voitures ! »


Multimodalité rationnelle


Mais, pour Nicolas Rufener, l’idée est préconçue. Il ne s’agit pas de défendre l’automobile, mais une mobilité facilitant la bonne marche des entreprises et des commerces et favorisant, par voie de conséquence, le maintien des emplois sur le territoire du canton ainsi que la santé des finances publiques. Et de rappeler un credo du GTE : « Une politique de déplacements multimodale basée sur le principe de la complémentarité. » Lui-même adepte de la marche, du vélo et des transports en commun, Nicolas Rufener relève l’absurdité qu’il y a à sauter dans sa voiture pour effectuer de petits trajets, d’ailleurs parfois encouragée par un étalement urbain continu et irréfléchi. Avocat de plus de rationalisation, il souhaite le développement d’une mobilité qui engloberait les intérêts de tous les usagers de la route, à mille lieues de l’imposition d’une vision unique réglementant la façon de se déplacer. Il dénonce ainsi les aménagements qui s’opèrent dans le seul but de contrer les voitures, sans vision globale du transport.


Nouveau paradigme


À l’heure de se projeter dans la Genève de demain, Nicolas Rufener met en lumière l’expérience zurichoise qui s’est développée à force de compromis pragmatiques. C’est ainsi que la capitale économique a accepté des suppressions de places de parc en surface lorsqu’elles étaient compensées en sous-sol et remplacées par un réseau de transports en commun efficace. « Mais, pour réussir de la même façon, il est essentiel de lutter contre certaines aberrations, qui finissent par opposer les moyens de transport. Les annihiler. » Ainsi, à Genève, sur certains tronçons, voitures et tramways se disputent rails et bitume, incapables de se coordonner et de gagner en fluidité.


Pour y parvenir, « il est grand temps de rassembler tous les acteurs clefs autour de la table et de trouver ensemble des solutions négociées ». En ce qui concerne le GTE, « je souhaite qu’il se positionne dorénavant plus comme une force de proposition que comme un réceptacle de doléances servant à mettre la pression sur les autres partenaires. Nous devons impérativement faire évoluer les mentalités tant dans la façon de mener les négociations que dans notre approche de la mobilité. Et de conclure : « Lorsque nous parlons transport, nous avons besoin d’une liberté alternative et non pas cumulative. »


Plus d’informations en ligne sur www.gte.ch

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