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Smart city : l’intelligence technologique au service de la société

CCIG
Posté le 20/11/2017
Articles de fond

Dans quelques décennies, la plupart des gens vivront peut-être dans des smart cities, ou villes intelligentes. Ce développement urbain a de quoi séduire, car il promet une ville plus efficiente énergétiquement, plus agréable à vivre et plus simple. Pour atteindre cet objectif, l’innovation et le savoir-faire des entreprises sera mis à contribution, des qualités dont le tissu économique genevois peut se targuer. Le défi est que la technologie se mette réellement au service de la population.

On peut se demander si une ville moderne pourra un jour être qualifiée d’intelligente car, en pratique, elle sera toujours évolutive, jamais aboutie. En théorie, elle le deviendra quand elle parviendra à une gestion durable du territoire – c’est-à-dire en réduisant son empreinte écologique – et à une qualité de vie élevée grâce à une utilisation efficiente des technologies. L’objectif est donc d’améliorer la qualité des prestations en utilisant au mieux les infrastructures et ressources à disposition (eau, énergie, transports, etc.). Pour atteindre cet objectif, les efforts coordonnés des entités publiques et privées sont nécessaires.

« La smart city favorise le vivre ensemble, le mieux vivre de la population et les valeurs humaines, ce qui est plutôt rassurant », résume Pierre Mirlesse, stratège digital et président du jury Géofab (cf. article en p. 3). La ville intelligente  est digitale, mais n’est pas pour autant technologique. Elle se sert plutôt des outils existants pour améliorer le quotidien. « Elle ne réinvente pas la roue, mais s’inspire des meilleurs modèles », précise Pierre Mirlesse. Son fonctionnement fait souvent appel à une intelligence artificielle, telle que la poubelle connectée, ou à une e-administration simplifiant les procédures. Autres avantages de ce système : il décourage ceux qui commettent des délits et évite qu’on puisse utiliser des données non sécurisées.

Pour Genève : un gage de compétitivité économique


Le canton a initié l’an dernier le projet Smart canton, sous la houlette du Département de la sécurité et de l’économie (DSE). « Il s’inscrit dans les objectifs de la stratégie économique 2030 », indique d’emblée Nicolas Bongard, délégué au développement économique au DSE. La mise en place devrait se faire dès juin 2018 au centre-ville.

Pourquoi l’Etat est-il motivé à faire de Genève une smart city ? Quatre raisons à cela : assurer le bien-être de la population, préserver la compétitivité des entreprises, assurer une bonne gestion des ressources et contribuer à la transition digitale de la société. « L’Etat ne veut pas tout contrôler, mais fixer les règles du jeu, tout en étant un accélérateur de projets, poursuit Nicolas Bongard. Smart canton veut servir de point d’entrée unique, afin de cadrer les innombrables volontés publiques et privées. Cela peut commencer par une mise à disposition de données sur une plate-forme commune. »

Dans la foulée, le canton a adhéré à digitalswitzerland en juin de cette année. Lancée en 2015, cette association issue de l’économie privée, du secteur public et des hautes écoles, a pour ambition de faire de la Suisse un hub de premier ordre dans l’innovation et la transformation numérique au niveau international, en planchant sur tous les aspects de la transformation numérique, du cadre politique aux formations nécessaires.

Concrètement, les spécialistes observent toutefois qu’il y a encore du pain sur la planche, car si le canton offre une bonne infrastructure, exprimée en termes de disponibilité de connexion à internet, les services numériques disponibles sont encore bien peu nombreux.

Deux projets de qualité


Quelques belles réalisations sont en train de voir le jour. Ainsi du projet Presto Park de l’entreprise genevoise IEM. Son directeur Philippe Menoud, qui s’intéresse depuis toujours aux problèmes de parcage, a eu l’idée d’un capteur il y a déjà dix ans pour contrôler les places de livraison vacantes. Il fallait donc concevoir un outil autonome énergétiquement, qui détecte tout déplacement de véhicules. « Je préférais qu’un système soit longuement testé et ne possède qu’une seule application, mais soit parfaitement fiable et précis », précise Philippe Menoud. Après avoir reçu un encouragement financier de l’OPI pour son aspect « cleantech », IEM a pu mettre au point ces capteurs, les fabriquer au bout du lac et les installer sur des centaines de places à Genève et Carouge, lors de projets-pilotes décidés avec les autorités concernées. À terme, les places seront indiquées aux usagers privés et professionnels sur des panneaux et même sur une application pour mobiles. De plus, on améliore la mobilité et on diminue la pollution, car les conducteurs cherchant une place représentent 30% du trafic urbain ! Et le concept n’en est qu’à ses débuts. « La technologie et le savoir-faire peuvent contribuer à mieux comprendre notre quotidien et à répondre aux besoins pratiques », se réjouit Philippe Menoud.

Un autre projet a été élaboré conjointement par la start-up OrbiWise et SIG : 1000 capteurs seront installés pour établir un cadastre du bruit. Une récolte précise de données doit permettre d’évaluer les besoins, tels que la pose de revêtement phono-absorbant par les collectivités. La conjugaison des deux entités est complémentaire : SIG, en tant que partenaire technique, se sert de son réseau de fibre optique et OrbiWise démontre son savoir-faire innovant dans l’internet des objets. Des données aussi précieuses que les relevés de compteurs d’eau et d’électricité ne servaient autrefois qu’à la facturation. Elles seraient pourtant bien utiles pour faire mieux consommer les habitants et entreprises.

On voit bien de ces exemples que l’avantage de la smart city n’est pas tant de déboucher sur des performances technologiques que de se mettre au service des citoyens et des entreprises. Si l’on cible les prestations en fonction des besoins en temps réel, on évite les pertes de temps ou de ressources. Preuve de l’intérêt de ce thème, le récent succès du 4e Smart city day, qui a accueilli 450 participants le 14 septembre dernier à l’HEPIA de Genève. Ensemble, ils ont réfléchi aux scénarios les plus prometteurs.

Un marché important et de belles retombées


Le marché mondial des smart cities est estimé à 3300 milliards de francs en 2025, selon l’évaluation faite au dernier salon eCom à Palexpo. La station de ski savoyarde de Val Thorens est souvent citée en exemple, car elle est parvenue à doper son tourisme grâce à la gestion de données numériques, notamment par la traçabilité des cartes de crédit de ses clients. L’analyse des données a permis de constater que 4% d’entre eux représentaient 30% de ses ventes en magasin et qu’un vacancier avec lequel la station interagit par SMS, courriel ou les réseaux sociaux générait trois fois plus de recettes : autant de pain béni pour les marketeurs ! « Les géodonnées sont souvent sous-estimées par les entreprises quant à l’importance de leur contribution potentielle à la bonne marche et croissance des affaires », explique Pierre Mirlesse. Sans aucun doute un exemple à suivre pour Genève : de nouvelles activités ne demandent qu’à être développées, créant des emplois dans la foulée.

Au final, l’état d’esprit se veut win-win, chacun cessant de travailler en silo et contribuant à la même cause. La cité de demain saura-t-elle tenir toutes ses promesses ? L’avenir nous le dira sans doute très vite.


Une bourse d’idées pour les communes

Au niveau suisse, l’Office fédéral de l’énergie a lancé en 2012 Smart City Suisse, plateforme d’information et d’échange, destinée à encourager les communes à œuvrer en ce sens, notamment grâce au recensement de projets, voire à l’octroi d’aides financières.


 

Autres projets en développement

  • Une modulation de l’éclairage public selon les lieux. Un concept destiné à lutter contre les incivilités ou préserver la faune et exploité par SIG.
  • Un nouvel espace de coworking Citiz’n, dédié à la smart city. Une façon d’optimiser les échanges autour des projets smart dans le bâtiment du câblo-opérateur Naxoo.
  • Un cadastre décrivant le mobilier urbain pour les personnes à mobilité réduite grâce à des géodonnées, sur le modèle berlinois. L’Etat de Genève pourrait s’en inspirer, avec l’aide de partenaires privés.
  • Un péage urbain, modulé en fonction du trafic. C’est l’Etat de Genève qui envisage peut-être un tel ouvrage (cf. CCIGinfo de juin 2017 pour l’analyse de la pertinence d’un tel système !)
  • Le smart metering par SIG, qui permet de suivre en temps réel sa consommation d’électricité.

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